Sénégal : une nouvelle orientation pour la gouvernance minière
À la suite du Conseil des ministres du 12 novembre 2025, plusieurs axes de réforme ont été mis en avant concernant l’avenir du secteur minier au Sénégal. Ces orientations s’inscrivent dans une dynamique de modernisation, de souveraineté économique et de valorisation locale des ressources. Elles traduisent une volonté d’adapter la gouvernance minière aux enjeux actuels, qu’ils soient économiques, environnementaux ou territoriaux.
Vers un Code minier modernisé et aligné sur les standards internationaux
La révision du Code minier occupe une place centrale dans cette nouvelle phase. L’objectif est de mettre en place un cadre juridique plus cohérent, mieux structuré et conforme aux standards internationaux. Un code modernisé devrait intégrer des exigences plus strictes en matière de transparence, de gestion environnementale, de responsabilité sociale et de contribution économique. Il servira également de socle pour renforcer la prévisibilité et la confiance des investisseurs.
Un développement territorial recentré sur les zones minières
Les zones d’exploitation sont au cœur des préoccupations. L’activation plus efficace du Fonds de Réhabilitation minier et du Fonds de Développement des Collectivités territoriales vise à assurer une meilleure redistribution des retombées économiques. L’objectif est de garantir que les infrastructures, les services et les opportunités de développement touchent réellement les communautés vivant à proximité des projets miniers.
La transformation locale comme pilier de l’industrialisation
La consolidation d’une industrie minière nationale passe par une valorisation accrue de la transformation locale. Le projet de Pôle industriel minier de Matam, dédié aux phosphates de Ndendory, illustre cette ambition de créer de la valeur sur le territoire plutôt que d’exporter des ressources à l’état brut. Ce type de projet pourrait stimuler l’emploi, renforcer l’écosystème industriel et réduire la dépendance du pays aux fluctuations du marché international des matières premières.
Encadrement renforcé de la filière aurifère
La structuration du secteur aurifère apparaît comme un autre axe prioritaire. La mise en place d’un Comptoir national pour la commercialisation de l’or permettra de mieux contrôler les flux, d’améliorer la traçabilité et de réduire les pertes liées à l’informel. Un dispositif renforcé peut contribuer à sécuriser la filière, à accroître les revenus et à améliorer la conformité aux normes internationales.
Restructuration des entreprises publiques et rôle stratégique de l’État
La modernisation du secteur passe également par une redéfinition du rôle des entreprises minières publiques telles que la SOMISEN et la MIFERSO. Leur restructuration vise à clarifier leurs responsabilités, renforcer leur performance et améliorer leur contribution à la stratégie minière nationale. Parallèlement, une maîtrise plus stratégique de la participation publique dans les entreprises privées du secteur devrait permettre une meilleure cohérence des décisions et une plus grande protection des intérêts nationaux.
Mise à jour régulière de la cartographie minière
L’actualisation de la cartographie des ressources minérales constitue un outil essentiel pour orienter la planification et la gestion du secteur. Une cartographie précise améliore la transparence dans l’attribution des titres, facilite la prise de décision et permet une meilleure connaissance du potentiel du sous-sol. Elle contribue également à une gestion plus équilibrée des carrières et des exploitations artisanales ou industrielles.
Une vision orientée vers la valeur, la transparence et la durabilité
Ces différents axes témoignent d’une volonté de renforcer la gouvernance minière, de maximiser la valeur créée sur le territoire et de s’inscrire dans une logique de gestion durable des ressources naturelles. En combinant réformes juridiques, transformation industrielle, gestion territoriale renforcée et structuration des filières de valeur, le Sénégal se donne les moyens de consolider un modèle minier plus efficace, plus transparent et orienté vers le développement national.