Le TransGuinéen transportera-t-il les personnes et les marchandises ?

Seule la convention de base sur Simandou saurait nous édifier, mais elle demeure inaccessible. Entre stations d’embarquement non aménagées et manque de communication sur l’utilisation commerciale, sur le terrain, tout porte à croire que la priorité du TransGuinéen demeure le transport du minerai de fer… les personnes et les marchandises vont attendre.

L’une des réussites mises en avant par l’État lors des négociations sur Simandou et la formation de la joint-venture est l’usage à but commercial des 650 km de chemin de fer du TransGuinéen. C’est-à-dire que le train devrait servir à transporter aussi les personnes et les marchandises, au-delà de son rôle primaire, qui est le transport du minerai.

Des mines de Beyla jusqu’au port de Moribayah dans Forecariah, les populations exultaient de joie tout au long du corridor, car le désenclavement tant attendu était enfin annoncé. Le TransGuinéen réduirait les coûts liés au transport et favoriserait l’intégration économique sous-régionale.

Cependant, sur le terrain, les rails du TransGuinéen desservent les grandes agglomérations comme Kérouané, Kissidougou, Faranah, Mamou et Kindia. Des grands greniers agricoles et animaliers comme Douako et Ouré-Kaba se trouvent à des distances considérables. Ceci peut s’expliquer par des contraintes naturelles liées au relief guinéen et aux besoins de réduction du coût de construction des infrastructures.

Image_TransGuineen_Mongabay Afrique

Image Mongabay Afrique

Pour autant, des efforts devraient être fournis pour un aménagement graduel des infrastructures routières reliant ces agglomérations aux gares d’embarquement du TransGuinéen. Pour l’heure, aucun aménagement n’est visible sur le terrain.

De plus, l’utilisation commerciale suppose une organisation en amont, à travers laquelle les détails opérationnels sont déterminés, à savoir le nombre de gares pour passagers, les horaires d’embarquement, les tarifs et les types de marchandises acceptées à bord.

Les engagements liés au transport simultané de minerais, de personnes et de marchandises ne sont pas tout à fait respectés. L’expérience de certains pays africains comme la Tanzanie avec la ligne Tanzania-Zambia Railway Authority (TAZARA) en est l’illustration parfaite.

Dans un contexte où la gouvernance de l’économie minière présente des défis majeurs, donner la priorité seulement à l’exploitation et au transport des minerais de Simandou serait une erreur. La construction des rails devrait rimer avec la construction et la réhabilitation des infrastructures routières reliant les gares aux grandes villes et aux centres de production agricole.

Ceci permettrait non seulement de doter le pays d’infrastructures durables, mais faciliterait aussi l’intégration économique. La pression sur le projet Simandou diminuerait car les populations auraient beaucoup de centres d’attraction économique.

Précédent
Précédent

Projet Simandou lancé : où en est le contenu local guinéen après la phase de construction ?

Suivant
Suivant

Du boom à la chute, Fria devenue une ville fantôme. Comment Boké, Siguiri, Kérouané et Beyla peuvent-ils éviter le meme sort?