Les 99 millions de dollars Baowu qui manquent à l’appel au Trésor guinéen.

En ce 11 novembre 2025, la Guinée célèbre une étape majeure de son histoire minière avec le départ des premières cargaisons de minerai de fer issues du gisement de Simandou. À Morébaya, dans la préfecture de Forécariah, une cérémonie officielle a rassemblé autorités, représentants étrangers, investisseurs et acteurs du secteur, marquant le lancement effectif de l’exploitation de ce gisement considéré comme l’un des plus importants au monde. Pour l’occasion, la journée a été déclarée fériée, chômée et payée sur l’ensemble du territoire.

Ce moment symbolique vient couronner plus de 20 ans de négociations, de litiges et d’investissements considérables. Le projet Simandou prévoit une production annuelle d’environ 120 millions de tonnes de minerai à haute teneur, soit plus de 65 % de fer, positionnant la Guinée parmi les grands exportateurs mondiaux.

Cependant, au moment même où le pays célèbre ce succès, une question financière attire l’attention du Conseil national de la transition (CNT). L’institution a signalé que les 99 millions de dollars us que le groupe chinois Baowu Steel Group aurait versés en 2024 pour rejoindre le projet ne figurent toujours pas dans les comptes du Trésor public.

Baowu, premier sidérurgiste mondial et acteur central du Winning Consortium Simandou (WCS) en charge des blocs 1 et 2, avait annoncé ce paiement comme ticket d’entrée lors de son intégration au projet. Cette contribution avait été évoquée lors de l’examen de la loi de finances rectificative 2024. Un an plus tard, selon les observations du CNT lors de sa plénière du 8 novembre consacrée à la loi de finances 2025, la somme reste non retracée. Le CNT a recommandé que les ministères concernés s’assurent de la régularisation et du versement effectif de ces fonds au Trésor, dans le cadre du renforcement de la mobilisation des recettes administratives.

Ce rappel intervient dans un contexte où la question de la transparence demeure au centre du débat public. Le projet Simandou, évalué à plus de 20 milliards de dollars, mobilise plusieurs acteurs de premier plan, dont le consortium Simfer (Rio Tinto, Chinalco et l’État guinéen) pour les blocs 3 et 4, ainsi que le WCS pour les blocs 1 et 2. La Compagnie du TransGuinéen (CTG), chargée du rail et du port minéralier, a vu ses accords consolidés en octobre 2025 afin de garantir la logistique d’exportation.

Le gisement de Simandou, qui contient environ 2,4 milliards de tonnes de minerai de fer à haute teneur, offre à la Guinée une perspective de développement économique sans précédent. L’entrée de Baowu dans le projet, présentée comme un signe de confiance internationale, s’inscrit dans cette dynamique de coopération industrielle. Néanmoins, la clarification du sort des 99 millions de dollars évoqués apparaît comme une étape nécessaire pour assurer la cohérence et la crédibilité de la gestion du projet.

Alors que les premiers navires quittent le port de Morébaya, l’événement symbolise à la fois l’ouverture d’une nouvelle ère et le rappel de l’importance d’une gouvernance rigoureuse dans la gestion des ressources naturelles. Simandou représente un potentiel considérable pour la Guinée et suscite de grands espoirs, à condition que chaque étape de sa mise en œuvre s’accompagne d’une gestion claire et concertée entre les différents partenaires.

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