La Guinée, le pays où on s’intéresse à tout sauf l’essentiel.
Le 11 novembre 2025 restera une date marquante dans l’histoire minière de la Guinée. À Morébaya, dans la préfecture de Forécariah, le pays a célébré le départ des premières cargaisons de minerai de fer issues du gisement de Simandou, considéré comme l’un des plus importants au monde. La cérémonie officielle, qui a réuni autorités nationales, partenaires étrangers et investisseurs, a symbolisé le lancement effectif de l’exploitation de ce projet attendu depuis plus de vingt ans.
Au cœur des échanges, la prestation du Ministre Directeur de Cabinet à la Présidence, Djiba Diakité, a suscité diverses réactions. Mais au-delà des impressions et des discours, une question fondamentale s’impose : comment faire de Simandou un levier durable de prospérité nationale ?
Depuis l’indépendance, la Guinée a souvent connu de beaux discours sans retombées concrètes. Aujourd’hui, l’enjeu n’est plus de convaincre par la parole, mais d’agir avec méthode, rigueur et transparence. Les priorités devraient se concentrer sur :
-La divulgation des contenus de la convention entre l’État et ses partenaires ;
-La gestion transparente et équitable des revenus miniers ;
-La mise en œuvre effective du contenu local, pour favoriser l’emploi et l’entrepreneuriat guinéens ;
-L’usage civil et commercial du TransGuinéen, au service de l’économie nationale ;
-La gestion environnementale responsable du projet, afin de préserver les écosystèmes et les communautés affectées.
C’est sur ces sujets de fond que doivent s’ouvrir des espaces d’échange et de débat, si la Guinée souhaite tirer un bénéfice réel et durable de Simandou. Après plus de 20 ans de négociations, de litiges et d’investissements, le projet entre enfin dans sa phase opérationnelle. Avec une production annuelle prévue de 120 millions de tonnes de minerai de fer à plus de 65 % de teneur, la Guinée s’apprête à rejoindre le cercle des grands exportateurs mondiaux.
Mais pour que cette réussite industrielle devienne un succès collectif, il faudra que les Guinéens, décideurs, citoyens et acteurs économiques; s’intéressent enfin à l’essentiel : la gouvernance, la transparence et la durabilité.