Programme Simandou 2040 : Entre ambition et zones d’ombre persistantes.
En novembre 2025 , la Guinée entrera dans une phase historique de valorisation de ses réssources naturelles. L’exploitation tant attendue de la chaine de montagnes de Simandou va enfin commencer. Les revenus issus de ce projet aideront, dit-on, à financer un programme ambitieux à l’occurence le Programme de Développement Socio-Economique Durable et Responsible Simandou 2040.
Ce programme se présente comme un cadre ambitieux de développement économique et social de la Guinee sur les 15 prochaines années. Au dela de l’espoir et des promesses, les questions de la transparence et de rédévabilité restent centrales. A travers une lecture croisée des expériences africains, notamment celle du Rwanda et sa vision 2020, nous essayons d’analyser les forces et les insuffisances d’un programme qui entend définir la trajectoire du developpement national guinéen sur les 15 prochaines années.
Simandou 2040 : Entre ambition et zones d’ombre persistants
Les documents finaux du programme Simandou 2040 ont été soumis officiellement au président de la République ce 29 octobre 2025. Tout comme le projet principal lui-meme, les documents de ce programme censé definir l’avenir de la nation guinéenne sur les 15 prochaines années , restent innaccessibles au grand public.
D’aucun estiment qu’il s’agit d’une stratégie de maitrise de la communication autour du programme Simandou, mais d’autres plus mefiants y voient un manque de clarté manifeste sur les orientations stratégiques et les bénéficiaires directs . Dans ce climat où l’information ne circule pas, la question dévient legitime et ouverte : Simandou étant une chaine de montagnes qui ne périme pas, pourquoi précipiter son exploitation au point de le brader ? Pourquoi ne pas élaborer une stratégie au tour de l’exploitation de la bauxite qu’on fait depuis plus 60 ans? À qui profite réellement le programme Simandou 2040?
Du Plan de Réference Interimaire (PRI) au programme Simandou 2040?
A la suite du changement de regime survenu en Guinée le 05 septembre 2025, un vent de renouveau soufflait en Guinée a travers le PRI 2022-2025. Elaboré avec la contribution des partenaires techniques et financiers présents en Guinée, le PRI visait à consolider les institutions, promouvoir une croissance durable et renforcer la résilience du pays face aux fragilités politiques, économiques et sociales. Un autre plan ambitieux vient se subsistuer au PRI, il s’agit du Programme de Developpement Socio-Economique Durable et Responsible Simandou 2040 dont le financement viendrait des revenus issus du projet d’exploitation du minerai de fer de Simandou. Le pays pourtant exploite la Bauxite depuis 60 ans, aucune stratégie globale de développement y découlant n’a été élaborée. Il se contente des taxes et dividendes.Simandou est considéré comme un nouveau bébé que les nouvelles autorités chouchoutent. Et Les projets de bauxite alors?
Structuré autour de 122 projets et 36 reformes couvrant 14 secteurs prioritaires, il prevoit un investissement global estimé à plus de 200 milliards de dollars d’ici 2040. Trois (3) grandes étapes sont annoncées dont le développement des infrastructures et des services essentiels ; la transformation industrielle et la production locale d’alumine, d’acier et d’or raffiné ; la diversification économique et l’integration régionale.
Un programme dont la forme defavorise le fond
Depuis des mois, le programme Simandou 2040 occupe une place importante dans la communication intitutionnelle de la Guinee. Son identite visuelle est partout, sur les documents officiels, les lieux publics et dans les medias d’etat. Son logo, concu avant les documents de cadrage, a meme tendance a devenir un sceau de la Republique.
Suite à la récurrence des critiques sur l’absence de documents de cadrage, une première réunion de cadrage a eu lieu en novembre 2024 , en présence de partenaires internationaux tels que Rothschild, Southbridge et KPMG. Encore, les termes de ce partenariat restent meconnus du grand public. Dans des pays du Sud où la corruption reste endemique, il serait crucial de publier les termes de ces partenaraits internationaux, pour des fins de transparence.
Plusieurs initiatives de communication ont été implementées par le Comité Stratégique Simandou , souvent accompagnees de camapgnes tres couteuses ( shorturl.at/Qf0CD ). Des efforts qui visent à favoriser l’adhsesion au programme Simandou 2040, presente comme porteur de la transformation nationale de la Guinee.
Mais, l’absence de cadre d’echange et de débat public autour du projet Simandou lui-meme et du Programme 2040, limite fortement leur compréhension et appropriation par les citoyens guineens. Pourtant, si ce programme se veut un instrument de développement durable et inclusif, sa réussite dépendrait fortement de la transparence, de la concertation et de la participation de toutes les parties prenantes.
Sous l’ancien régime, la plupart des contrats miniers étaient accessibles au public, permettant aux citoyens de consulter, d’analyser et de débattre des accords conclus. Aujourd’hui, cette ouverture semble s’etre refermée, laissant place à un certain mutisme institutionnel. Dans un pays où la production de bauxite et d’or n’a pas encore eu d’impact notable sur le quotidien des ménages, l’opacité qui entoure le dossier Simandou risque d’alimenter les doutes quant à la portée réelle du programme Simandou 2040.
Au Rwanda, la réussite de la Vision 2020 s’est appuyée sur plusieurs piliers dont la lutte contre la corruption, une gouvernance axée sur les résultats, la redevabilité, ainsi qu’un investissement continu dans l’éducation, la santé et la technologie; le tout mis au service du développement du capital humain.
La gestion en Guinée semble aujourd’hui suivre un chemin différent. L’opacité grandissante autour d’un grand projet comme Simandou freine la confiance et nourrit les incertitudes. Le peuple, quant à lui, observe, espère et attend des actes concrets qui traduisent les ambitions affichées.