Ghana 🇬🇭 : la suppression de la TVA sur l’exploration minière redéfinit l’attractivité du pays

Le Ghana vient d’opérer un virage majeur dans sa politique fiscale minière en supprimant totalement la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) appliquée aux activités d’exploration. Cette décision, annoncée par le ministre des Finances Cassiel Ato Forson lors de la presentation du budget prévisionnel 2026 du pays, vise à relancer un segment clé du secteur extractif, à un moment où le Ghana cherche à redevenir l’une des destinations les plus attractives pour les investisseurs miniers en Afrique de l’Ouest.

Pendant plus de 25 ans, la TVA s’est appliquée aux dépenses liées au forage, aux analyses d’échantillons et aux études géologiques, c’est-à-dire aux phases les plus risquées d’un projet minier, où les chances d’échec sont importantes et les capitaux engagés élevés. Les acteurs du secteur considéraient depuis longtemps cette taxe comme une anomalie régionale, d’autant que plusieurs pays voisins, comme la Côte d’Ivoire ou le Burkina Faso, ont adopté des régimes fiscaux clairement favorables à l’exploration greenfield.

En supprimant cette taxe, Accra cherche à stimuler un redémarrage des investissements dans de nouveaux gisements, condition indispensable pour renforcer une industrie aurifère qui s’essouffle depuis deux décennies en termes de découvertes. Le gouvernement espère attirer davantage de sociétés juniors internationales, encourager la diversification vers les minéraux critiques comme le lithium ou le graphite, et restaurer la dynamique d’exploration qui a permis au pays de bâtir son statut de leader régional dans les années 2000.

Cette réforme intervient dans un contexte paradoxal. Le Ghana a enregistré en 2024 un niveau record d’exportations d’or artisanales, avec 81,7 tonnes valorisées à plus de 8 milliards de dollars entre janvier et octobre. C’est la première fois que la production artisanale dépasse la production industrielle, pourtant assurée par de grands acteurs internationaux comme Newmont, Gold Fields ou AngloGold Ashanti. Cette montée en puissance de l’activité artisanale, plus ou moins formalisée, s’explique par les efforts récents du gouvernement pour encadrer les pratiques et renforcer la traçabilité. Toutefois, cette dynamique ne peut masquer l’absence de nouvelles découvertes industrielles significatives, ce qui explique l’urgence d’une relance de l’exploration.

Au-delà des aspects économiques, la réforme fiscale répond aussi à des enjeux environnementaux et sociaux. L’exploitation artisanale illégale, connue localement sous le nom de “galamsey”, a provoqué une dégradation sévère des forêts et des cours d’eau, alimentée en partie par l’absence d’alternatives légales solides pour les communautés locales. Le gouvernement cherche donc à attirer un capital minier mieux structuré, respectueux des standards internationaux en matière d’ESG, et capable de soutenir la transition vers une exploitation minière plus durable.

Les investisseurs, de plus en plus attentifs aux risques sociaux et environnementaux, exigent aujourd’hui un cadre réglementaire clair, stable et prévisible. La suppression de la TVA s’inscrit dans cette volonté d’offrir un environnement d’investissement plus cohérent, en phase avec les attentes des marchés financiers.

Dans un paysage régional marqué par une concurrence croissante pour attirer les capitaux, notamment en Côte d’Ivoire, au Sénégal ou en Guinée, le Ghana avait besoin d’envoyer un signal fort. La suppression de la TVA constitue précisément ce signal. Elle permet au pays de se réaligner sur les pratiques internationales et de retrouver une position compétitive dans le secteur de l’exploration minière. Si cette mesure réussit à attirer de nouveaux entrants, à encourager la découverte de nouveaux gisements et à accélérer la diversification vers les minéraux stratégiques, elle pourrait marquer le début d’un nouvel élan pour l’industrie minière ghanéenne.

Pour les investisseurs, cette décision ouvre une fenêtre d’opportunité rare dans un pays à la fois politiquement stable, doté d’un potentiel géologique prouvé et désormais plus attractif sur le plan fiscal. Le Ghana joue ici une carte stratégique essentielle : celle de redevenir la principale porte d’entrée de l’investissement minier en Afrique de l’Ouest.

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